Connexion à la Naturaleza, à la Pachamama. Lettre du mois d'avril.

La flamme de la bougie est presque immobile. Pas un souffle d'air.  Pourtant le mouvement est partout ici. Ça grouille de vie tout autour. Des insectes, des batraciens, des chauves souris, des oiseaux nocturnes et d’autres noctambules, des couche tard. Certainement des reptiles et peut-être quelques petits félins, les tigrocillos comme on les appelle ici. Pas trop j'espère. La vie, dans son expression exacerbée, tonitruante, vibrante, incroyablement présente. Vraie. Tous,  comme moi, autour du point d'eau du coin. Je suis revenue passer une ou deux nuits, en bas de ma cabane dans la jungle. Envie de retrouver cette connexion profonde avec la nature, de mieux l'apprivoiser, de mieux la connaître. En attendant la pleine lune qui doit sortir d'un instant à l'autre de mon horizon touffu, mon esprit s'apaise en fixant la lumière de la bougie et les clins d'œil par ci par là des lucioles multicolores. Un concert romantique avec parfois une touche électro. Cette fois ma curiosité est plus forte. Je veux savoir qui sont les protagonistes de cette symphonie. Qui se cache derrière ces instruments de musique étonnants? Alors c'est à la lueur de ma caméra que je découvre un monde  nouveau. De près. Le monde des grenouilles et des crapauds en forêt tropicale.  De tout types, toutes les tailles,  toutes les couleurs. Nombreux, très nombreux.  Un spectacle impressionnant. Respect. Je suis fascinée. L’appréhension se transforme en joie profonde. Plénitude. Le bonheur certainement. Humilité devant ce monde parallèle au mien dans lequel je viens d’entrer. Accueilie,  et à ma place, même si je me fais toute petite. Discrète. Mais en osmose finalement. J'adore cet état de grâce qui jaillit devant l’Énergie et la puissance de la Nature. J’ai souvent ressenti cette communion avec les éléments, en bateau au milieu de l’Océan. La nuit avec son plafond d'étoiles, ou le jour à contempler le mouvement fascinant  des vagues et des nuages. Dans les déserts de l’Altiplano, les montagnes et les glaciers. Ou simplement dans ma Colibrimobile quand elle s'est posée dans un petit nid, joli et isolé. Magique. Le sentiment d'être au milieu de rien et en même temps au centre du Tout. D'être profondément vivante et présente au monde. Présente à moi. Absorbée par la magie du spectacle, je n’ai même pas vu la lune sortir du bouquet de bambous. Je dormirai un peu cette nuit, bercée par ce monde en mouvement. C'est le changement de rythme et de tonalité qui va me réveiller avant le lever du jour. Un autre monde se met en place, le peuple de la nuit s'endort peu à peu et laisse sa place à celui du jour, plus familier mais tout aussi vivant et vibrant. Les oiseaux y ont la part belle avec leurs piaillements, des plus aigus aux plus graves. Peu à peu accompagnés par le grondement des singes hurleurs plus loin mais tellement puissants. Direction la rivière pour un petit bain matinal.
Nouvelle communion avec la Nature.  Nouvelle connexion avec moi même. La journée commence bien. Merveilleusement bien.

Mimi