CALÉE SUR LE FUSEAU HORAIRE DE LA CIGALE, EN TRANSIT Lettre du mois

CALÉE SUR LE FUSEAU HORAIRE DE LA CIGALE, EN TRANSIT ! Lettre du mois de Mimi
Le jour vient tout juste de se lever. J'écoute et j’observe des pies qui tournicotent autour de ma Colibrimobile. Je l'ai ancrée hier soir à l'orée d’une forêt dans le petit village de Provence où vit ma fille. Toujours fascinée par les sons et les couleurs de mes réveils, dans un tout mêlé à la prise de conscience du nouveau lieu où je me trouve. Chaque matin, c'est en moi un bal d'émotions douces et variées, souvent orchestré par les oiseaux et les autres habitants de Dame Nature.  Émotions qui m’envahissent, le bonheur simple d'être vivante et bien vivante.
Le thermomètre marque 10 degrés. J'apprécie la chaleur idéale de mon duvet  douillet ”spécial 5 degrés”. Je sais que la douceur exceptionnelle de ce mois d'octobre va revenir encore aujourd'hui et peut-être demain.  Malgré l'extrême anormalité de la situation, je profite encore un peu de la magie de cet été indien qui n’en finit pas.
Cela fait dix huit ans que je n’ai pas vécu cette saison, mon occupation de maîtresse d'école m’appelant à la passer sous des latitudes plus tropicales, de l'autre côté de l'océan. Je re-découvre les couleurs éclatantes et harmonieuses de l’automne. Ses parfums,  la pâleur décroissante de la luminosité au fil des  randonnées, des cueillettes de champignons et de châtaignes parfois un poil perturbées par les pétarades de coups de fusils et les tintements des cloches des chiens de chasse. Quelquefois noyée dans les brouillards matinaux en observant les colchiques dans les près qui fleurissent, fleurissent... 
Les prémisses de l’endormissement tout proche de la nature, . 
Le temps passe si vite que ma lettre d'octobre s'est métamorphosée en un clin d'œil en une lettre de novembre!
Déjà un an que j'ai entamé mon voyage en solo, en sac à dos, en berlingot ou en bateau. Tout juste un an, soit un instant comparé au nombre de milles parcourus, d'une part (moindre) tout autour de la planète, mais surtout tout au long de la route  de ma vie. Je n'ai jamais rencontré autant de monde que depuis que je chemine seule. Présente à la nature, présente à l'autre, présente à moi. Un an pour apprivoiser ce vent puissant de liberté qui a subitement soufflé dans mes voiles. Dont je n'ai plus peur. Aujourd'hui,  je ne me sens plus seule. Forte et maintenant au centre de moi. En harmonie avec le monde.
Ces cinq  mois sur les routes de France m'ont permis de profiter des miens, et au fil des opportunités, au rythme de ma vie, d'agrandir encore plus le cercle lumineux des personnes qui me sont chères. A la vitesse de la tortue, en prenant le temps. Toujours le temps, ce Grand Magicien. Je suis clairement tombée amoureuse de la Corse, j'ai adoré le Larzac, l’Ariège, l’Aveyron, les Cevennes, le Tarn, le Verdon, le Vercors et bien sûr la Provence si présente dans mon coeur. C'est beau partout. J'aurais  encore tellement de régions à visiter, des amis à retrouver, des classes de colibris à rencontrer. Le plus au nord que j'ai navigué, c'est à Valence. Une vraie fille du sud!
Je sens bien qu’au fond de moi, je n'ai toujours pas envie de me pauser ni de me poser quelque part, pas encore prête peut-être.  Je dois encore avancer sur ce chemin pour mettre encore plus profondément le cap vers moi. Un chemin passionnant envoûtant,  pas toujours simple, parfois cahotique et tumultueux, mais je dois y aller. Je le sens.
Merci à mes proches d’accepter mes choix de vie particuliers pas simples à comprendre et de me faire confiance. Je sais que ce n'est pas toujours facile d’avoir une maman, une sœur, une tatie ou une amie hors des clous, mais c'est en étant libre et heureuse que je reste présente pour tous avec tout mon amour. 
La douceur automnale est encore là et pourtant mon baromètre intérieur m'indique que le moment est venu de me remettre en mouvement.  Mon horloge biologique doit être calée sur le fuseau horaire de la cigale. Besoin de continuer à découvrir d'autres ailleurs, à m'émerveiller, à rencontrer, à apprendre et à me nourrir de tout cela . Et qui dit nouvelles rencontres, nouveaux lieux dit ”aux revoirs et abrazos permanents”. C'est en surfant sur les vagues de ces belles émotions intenses, que je me prépare à écrire un nouveau chapitre. 
Je réduis le ”confort” de ma Colibrimobile au minimalisme de mon sac à dos que je souhaite plus léger cette fois. Douze kilos seraient idéaux pour mes épaules,  un nouveau challenge!  En attendant, en plein transit, mon coeur regarde vers l'ouest, vers les hautes cimes qui fricotent avec le ciel, deja en route vers un horizon lumineux, encore et toujours. 
Mimi le 31 octobre 2022 (Saint Savournin)

PS Chez les colibris, ça avance bien également. Une première période d'échanges bien actifs pour les classes participant au projet en collaboration et interaction avec les Colibris Voyageurs qui s'enrichissent régulièrement de nouvelles recrues. D'une belle rencontre en Corse est né le nouveau challenge ”Les Colibris Dépollueurs de l'Extrême ” que nous avons lancé pour toute l’année. Les réunions des colibris continuent allègrement tous les vendredis à 18h UTC, un grand moment réunissant des enfants tout autour du monde. 
Merci les amis d’être là, un moteur puissant pour le projet et pour mon voyage!